Certains diront que nous avons échappé au pire. Il est pourtant devant nous. Nous avons échappé à ce que le Front National dirige quelques régions : la belle affaire ! Au prix d’une campagne sans idées, d’alliances contre-nature – et je ne parle pas forcément de celles auxquelles on pense – et de l’impression donnée qu’on n’a rien d’autre à opposer à ce parti que des formulettes et des incantations. Nous paierons un jour, tôt ou tard, cette victoire à la Pyrrhus.
Etait-il judicieux, par exemple, après les attentats qui ont tant meurtri notre pays, d’opposer l’Ile de France « beur » et « black » à celle de la « race blanche » ? Le malheureux qui employa ces termes était ironique, me direz-vous, et ne croit pas en une « race blanche » mais plutôt en une hégémonie blanche due au racisme de l’élite que sa rivale était censée incarner. Sauf qu’il est extrêmement dangereux d’instrumentaliser ainsi la « race », de faire du schéma binaire de la lutte des classes – déjà sujet à caution – un schéma plus binaire encore de lutte des races. Comment, après cela, reprocher à Morano ses imbécilités ?
Surtout que l’alliance avec le Front de Gauche a, en soi, bien outrepassé les limites de ce qui devrait être acceptable à gauche. Au-delà en effet de la violence indigne de la campagne deux semaines à peine après la fin de l’union nationale, le choix de s’allier à ceux qui avaient récusé alors l’esprit de cette union a de quoi interroger. Alors quoi ? L’imprévu met à bas nos certitudes – pour ceux d’entre nous, du moins, qui ne sont pas comme des vieillards, enserrés dans un corset de dogmes – mais les exigences de la politique politicienne nous obligeraient à y revenir ?! Être de gauche, c’est choisir le camp du ressentiment et de la haine de race, de la guerre civile ? Le camp des Frères musulmans contre celui de la Manif pour Tous ? Vu les positions des « Frères » et de l’islamisme plus généralement sur l’homosexualité, ce choix n’a guère de sens et j’avoue qu’en voyant fleurir sur les réseaux sociaux toute sortes d’insultes dirigées par des militants et « communicants » socialistes contre les candidats de droite alliés au camp tradi, j’ai pouffé, amèrement : la bigoterie serait-elle respectable quand elle vient de Tariq Ramadan ?
Infamie que d’inviter en pleine campagne électorale celui qui affirmait : « Je ne suis ni Charlie ni Paris, je suis perquisitionnable » ! Pour moi, être de gauche veut dire être libre, être debout, tenir tête au Ciel, et si c’est paradoxalement dans les révoltés de la Bible, qui sont aussi ses prophètes, que je trouve cette inspiration (« Tu as fait l’homme de peu inférieur à Dieu », disent les Psaumes : leçon de non-prosternation…), ce n’est certainement pas pour choisir le camp des « hypocrites, bigots, vieux matagots », des « cafards empantouflés », des « frappards écorniflés » et autres racailles de Dieu que Rabelais notre père eût exclus sans autre de sa cité. Quelle que soit la couleur de leur dogmatisme, et surtout s’ils l’habillent d’une plus ou moins habile rhétorique, postmoderne ou libertaire, nous devons faire front contre ces ennemis de notre liberté. Même à visage humain, la soumission reste la soumission – et elle n’est en aucun cas notre gauche.
Quel sens a ce progressisme dont le discours, figé pour l’essentiel dans les années 60, ne trouve à se moderniser qu’en choisissant le parti de la nuit ? On en reste en gros à Marx et à sa partition du monde entre opprimés et oppresseurs mais on oublie au passage la dernière page du Manifeste du Parti communiste où il est dit que face au conservatisme monarchique ou clérical, il convient de s’allier aux partis « bourgeois ». Vous me direz que c’est précisément ce que fait Autain. Oui, certes, face au Front National. Mais que fait-elle face aux Frères musulmans, face à tous les Ramadan, au moins aussi redoutables que le populisme droitier des Le Pen ? Pire, n’est-ce pas Autain qui niait qu’il y eût en France une menace islamiste ? Combien de morts faudra-t-il pour que ces irresponsables qui, pour n’être pas au pouvoir n’en exercent pas moins leur influence sur la sphère intellectuelle de notre pays, reconnaissent leurs erreurs ?
C’est qu’il y a à gauche une affinité avec le délire qui ne laisse pas de m’étonner. Sont-ce ses racines eschatologiques, son millénarisme laïcisé qui s’y expriment ? Je vois, poussant par exemple un militant homosexuel colistier de Claude Bartolone en Ile de France à suggérer sur Facebook qu’il vaut mieux être gay à Téhéran qu’à Paris, une manière de mystique séculière, d’hallucination alchimique, de prétendument docte ignorance : quelle maladie de l’esprit a pu ravager ces cerveaux qui ne voient pas que comparer un pays, le nôtre, où existe certes de l’homophobie mais où les homosexuels peuvent se marier, à un Etat théocratique qui les pend, n’a strictement aucun sens ?! C’est avec cette irrationalité, cet obscurantisme qui se dit de gauche, que la gauche aurait dû rompre depuis longtemps : la prochaine fois, il sera trop tard.
Le Parti Socialiste, notons-le, se maintient, preuve que ce n’est pas de « plus de gauche » qu’on a aujourd’hui besoin et que le courage et la fermeté du Président et de son gouvernement face à nos ennemis ont été reconnus. C’est d’ailleurs la « gauche de la gauche » qui a sombré. Raison de plus pour repenser ses alliances et enfin écouter, soixante-dix ans après, Léon Blum qui exhortait les socialistes à ne pas écouter « le qu’en-dira-on des communistes ». Surtout quand ces « communistes » oublient la deuxième strophe de L’Internationale et préfèrent le salut d’une « religion de paix » à un humanisme authentique.
Entre le millénarisme dont la gauche doit se débarrasser sous peine de s’allier aux Pol Pot ou aux Torquemada de demain, et le prêt-à-penser, il y a force batailles à livrer. Herzog, le héros de Saul Bellow, écrit « que les visions d’un génie deviennent très vite des produits en conserve pour intellectuels » : depuis combien de temps la gauche n’a-t-elle pas pensé contre elle-même ? Je parle de la gauche des médias, mais aussi de celle des universitaires et je parle, bien sûr, de toute la clique des communicants. Dans le cas de ces derniers, s’est-elle d’ailleurs jamais avisée de seulement penser ?
Refus de penser l’insécurité culturelle, incapacité à envisager la ville et l’habitat, la précarité ou le défaut d’informations qui laisse tant de Français à l’écart de toute décision et de toute prise sur leur propre avenir – hors des catégories d’il y a quarante ans ; de repenser l’Ecole de la République, saccagée par trente ans de pédagogisme insensé, par vingt ans de communautarisme et par l’attraction toujours plus grande de la société selfie sur les jeunes cerveaux. Refus de voir que nous ne sommes plus au temps de la glorieuse classe ouvrière ou d’un quelconque de ses avatars, mais plutôt du transhumanisme et du djihadisme : un temps où certains magnats de la Silicon Valley croient littéralement que la science les aidera à échapper à la mort, et où certains de nos anciens cancres tuent leurs concitoyens parce qu’ils croient, non moins littéralement, que soixante-douze vierges les attendent au Paradis. Refus de penser, par habitude, le théologico-politique, la rencontre de la Cité, des Mythes et de la Foi ne correspondant pas au grand récit de la gauche. Ce dernier refus relève d’ailleurs de la psychanalyse : comme je viens de le relever, il n’y a pas plus « théologique » que le camp « progressiste ».
C’est avec tous ces refus, toutes ces faiblesses, qu’il faut aujourd’hui divorcer, mais c’est d’abord et avant tout, justement, avec l’idée que, parce qu’on est de gauche, on incarne le bien, la morale, la générosité à soi seul, que les gens de droite, en somme, iront en Enfer. En finir avec le petit sourire en coin méprisant de qui a Dieu pour lui et qui dispense d’argumenter.
Pour moi, je ne suis pas de gauche parce que c’est là le Bien absolu, mais parce que je crois en certaines choses. Je crois et je sais ce que cela veut dire : j’ai donc par là même conscience que je peux me tromper, et aussi que certaines choses auxquelles je crois sont partagées par des gens « de droite », que mon histoire personnelle et familiale a pu m’amener à penser ceci ou cela, à m’approprier davantage telle ou telle valeur que telle autre, mais que tout cela reste, somme toute, assez relatif. Surtout si l’on considère tout l’amas de divergences « techniques » entre deux camps s’affrontant lors d’élections locales, divergences qui, on me l’accordera, ne méritent pas forcément qu’on convoque le Bien et le Mal à leur appui.
Être de gauche : je crois, comme dirait Levinas, que nous sommes responsables pour autrui, je crois en l’idée de sécurité sociale et je crois que l’Etat peut la garantir, je crois aux autres grands collectifs et je crois que si nous ne naissons pas tous avec les mêmes potentiels, nous pouvons du moins exiger de la communauté qu’elle offre à chacun de déployer le sien dans le sens qui lui convient le mieux.
Or, cela fait d’abord que je ne suis pas de gauche comme n’importe qui, ce qui nous ramène au problème des alliances : par exemple, une personne dont les parents, anciens trotskystes, étaient liés à la création d’un parti virulemment « antisioniste » aux côtés de Dieudonné et Soral qui se disait alors de gauche (comme quoi…), m’affirmait il y a quelques années, sans rire, que son engagement consistait à choisir l’égalité plutôt que la liberté ; outre que cette conviction bizarre est le reflet de ce que la droite pense de la gauche, outre aussi qu’elle ne l’empêchait pas de quitter son VIe arrondissement natal, je dois dire qu’elle est à l’opposé de mes propres valeurs, lesquelles résident plutôt dans cette pensée que la liberté est suprême mais qu’il faut un peu d’égalité pour que nul n’ait à la résigner, pour que chacun soit pleinement libre de s’atteindre sans avoir à se vendre.
Il y a au fond deux écueils philosophiques que la gauche a aujourd’hui à éviter – sans quoi je ne voterai plus pour elle et ne serai hélas pas le seul. L’écueil de l’unanimisme d’abord, de l’uniformité, du goulag : la société changée en monastère ou en caserne. Ce fut à une époque l’écueil du communisme, ce fut auparavant celui de la Terreur. Nous aimons mieux, Dieu merci, un peu d’inégalités, un peu d’imperfections. L’autre est celui du relativisme, façon Parti des Indigènes de la République, et d’autant qu’en démocratie, le relativisme est l’arme des moines soldats, souvent plus malins que les bonnes âmes dont ils se servent : cette Charybde et cette Scylla ont, vues de derrière, la même stratégie. A force de laisser « à chacun sa culture et ses valeurs » et surtout aux islamistes pourvu qu’ils affichent un peu de modération tactique, ne pourrait-on pas se retrouver avec une France uniformément voilée ? Où le relativisme servirait de marchepied au dogmatisme.
Reste que le Front National participe, et je mesure combien cela peut sembler étrange, du premier écueil. L’uniformité qu’il propose n’est pas sociale, comme l’était celle du communisme historique, mais culturelle et raciale. Dans un texte récent, Joann Sfar rappelait que le nazisme avait triomphé à cause de la peur qu’inspiraient les Soviets. L’inverse me semble en fait plus exact encore : beaucoup de gens choisirent de soutenir des régimes abominables, communistes, parce qu’ils leur semblaient le meilleur rempart contre le fascisme – et aussi parce qu’ils manquaient d’informations à leur sujet, du moins au début.
Le nazisme n’est pas aujourd’hui au Front National mais à Raqqa ; en revanche, je perçois chez ces farouches anticommunistes d’hier la passion de l’uniformité, la pensée caserne qui fut le pire, sinon l’essence du communisme. Regardez Rachline qui à Fréjus persécute les artistes : j’y vois la convergence de l’anti-intellectualisme de droite et de la haine stalinienne pour le désordre créatif. Personne de sérieux ne peut croire que Marine Le Pen au pouvoir fasse un nouveau Treblinka : un nouvel S-21, pourquoi pas ? Et sinon elle, du moins ceux qui lui succéderont. L’amour de ce parti pour la Russie de Poutine, qui le finance, suffirait à justifier le renversement de perspective que je propose. Face au mal islamiste, la tentation de couper tout ce qui dépasse, la tentation d’une France qui, faute de se connaître, faute de s’aimer, s’inventerait une âme de plastique, cette tentation a un nom et un sigle : FN. Mais si nous voulons la surmonter, pensons correctement et sortons des illusions politiciennes. Le fascisme d’aujourd’hui, c’est l’islamisme. Le stalinisme d’aujourd’hui, c’est le lepénisme. Et nous vivons une époque folle où le relativisme de gauche, s’alliant au premier, prépare le terrain au triomphe du second.
Il y a peut-être mieux à faire et mieux à dire aujourd’hui que ressasser le bonheur et le malheur d’être à gauche. C’est quoi la gauche ? Est-ce celle qui, avec Lénine, Staline, Mao, Pol Pot a massacré au moins autant de monde que le nazisme ? Est-ce notre gauche française d’aujourd’hui, certes plus plan-plan, mais qui n’est que l’expression politique d’une coalition d’intérêts corporatistes ? En gros, pour reprendre le langage marxiste, ceux de la petite-bourgeoisie d’état. Ce joli monde respire la bêtise et la suffisance petite-bourgeoise à plein nez. Ce n’est pas nauséabond, mais c’est fétide et, surtout, sans intérêt et sans avenir. Je connais des gens classés à droite qui valent mieux que ce bon M. Bartolone qui a tenté, pour se faire élire, à l’instar du FN, de susciter des haines raciales. Pour aller ensuite faire soigner sa déprime dans une clinique de … Neuilly!
Ce qui est en cause, comme l’a dit l’un des intervenants, c’est la démocratie, les droits de l’homme, la paix et non pas la sauvegarde de la vraie foi, fut-elle de gauche.
Le 13 décembre 2015 n’a pas eu la force d’effacer de nos mémoires le 13 novembre 2015. Au point que nous ne savons déjà plus à quoi il fait référence. Vous me direz que nous l’avons échappé belle, que sans Valls pour les uns, sans Raffa et NK pour certains, sans Sarko pour lui-même, ce 13 décembre aujourd’hui nous laisserait un arrière-goût de 21 avril. Eh bien, essuyons-nous le front, et concentrons-nous sur l’essentiel. Depuis plus de trente ans, la France se guérit de son passé racialiste. La France, grâce à la pugnacité matinée de ténacité de quelques intellectuels ayant rendu possible l’émergence d’un mouvement antiraciste, mais aussi, à quelques petites révolutions culturelles accomplies par les institutions de la République, est l’un des pays au monde où il fait le mieux vivre ensemble. Et ce n’est pas le pan-nationalisme des uns ou des autres qui changera quoi que ce soit au fait qu’une majorité de Français ne se laisseront plus ensevelir par l’effondrement que connaîtrait, chez une partie de leurs concitoyens, le toit ouvrant de la Nation de la Culture. Le racisme recule. Et l’antisémitisme aussi. Et l’antisémitisme d’abord. Car la haine de l’israélite était autrement plus incrustée aux six coins d’un petit monde hexagonal où la présence des Benéi Israël perdurait depuis au moins trente siècles. Ce qui augmente, en revanche, c’est la haine de cet État dont la déclaration d’indépendance fut proclamée le 14 mai 1948, cette nation que l’Organisation des Nations unies accueillit en son sein après qu’un bon nombre d’entre celles-ci avaient participé de l’extermination de sa population méthodiquement dispersée depuis environ dix-neuf siècles. L’antisionisme a réussi à mettre d’accord ces ex-pétainistes d’ex-colonialistes — je n’ai pas dit «ex-colons de peuplement» — des terres d’islam et leurs ex-indigènes autour d’une fausse empathie pour des Palestiniens qui n’ont jamais eu d’autres alliés sur Terre que ces fucking Israelis sans lesquels ils ne se seraient jamais vu proposer la création d’un État sur ce pan de Terre sainte qui passe, de main d’empire en main d’empire, et ce depuis bien avant la destruction du temple d’Hérode le Grand. Valls a mille fois raison lorsqu’il met le doigt sur l’inhumanité du crime des chiens de l’enfer islamiste. Ces victimes de la mode rouge-vert-brun tuent les Français pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font. Ils tuent de l’ingénieur français, de l’étudiante française, du fleuriste français, du charpentier français, du restaurateur français, de la serveuse française, du publicitaire français, du chauffeur de bus français. Ils ne peuvent pas se glorifier d’avoir à leur tableau de chasse des héros tombés au champ d’honneur, ils n’y alignent que des martyrs, exterminés par les unités Tête de mort du Énième Reich. Les expulser de la communauté nationale, ce n’est ni plus ni moins qu’acter leur auto-expulsion. On se rappelle cette veillée en HD, où quelques scouts de Daech cramaient dans un feu de camp leur vie passée en France, alors… si vous ne vous abusez… pourquoi faire tout un foin d’une mesure qui ne vise aucun d’entre nous, dès lors que nous n’avons jamais été mêlés de près ou de loin avec l’idéologie de l’anéantissement? Bien sûr, il y a l’idée qu’un binational est pour partie un national et que, partant de là, sa francité vaut bien celle d’un Français tout court. Que la possibilité qu’on traite à part la question de son identité glisse inévitablement vers une mise à l’écart au sein de la fratrie nationale. Oui mais. Il n’en reste pas moins que celui qui cible des Français à travers le viseur d’un État islamique étant censé régner du Levant au Couchant a, je crois qu’on peut le dire, détérioré ses liens avec la patrie des droits de l’homme, cessé de s’accrocher à l’identité à laquelle nous nous escrimons à le raccrocher. Probablement, mais ce qui compte, aux heures qui viennent, c’est de ne surtout pas laisser penser que les Français de parents étrangers seraient des sujets potentiellement plus vulnérables à la propagande islamiste que ne le seraient des inhumains de parents français. Car là, c’est une autre proposition du FN qui remonterait vite à la surface : l’immigration zéro, et la multiplication des petits corps s’échouant sur le littoral méditerranéen. Et c’est sans doute par cette corne-là que François Hollande devra prendre le taureau acéphale auquel il veut couper les ailes. Car ce n’est pas l’indulgence qui caractérise son état d’esprit lorsqu’il traite du cas d’un monstre de haine dès lors que ce dernier se voit privé du privilège d’être expulsable à souhait. Celui-là devra bien demeurer dans notre giron jusqu’à ce que mort s’ensuive, dommage pour lui, dommage pour nous! Et nous continuerons de rêver à la réinsertion spontanée de ce bébé d’Alois Brunner, sachant que, si cela arrivait, nous n’y serions pour rien. Seule quelque chose qui s’appellerait Dieu aurait la toute-puissance d’arracher ledit Eux du cerveau qui s’imaginerait s’adresser à Lui via une ligne directe.
P.-S. : Je crains d’avoir adressé ce texte au Point.fr par erreur. Cela ne me dérange pas qu’ils jettent un œil dessus, mais je ne voudrais pas qu’on imagine que j’ai modifié mon itinéraire de communication.
Entre, d’une part, une intolérance affichée pour ce martyre assyro-chaldéo-syriaque dont il lui tarde que les forces alliées occidentales le débarrassent de la menace qu’exerce sur lui son bourreau : l’État islamique en Irak et au Levant (à commencer par l’Iran) et, d’autre part, une tolérance à ficher dans les martyrs védistes, juifs, bouddhistes, chrétiens, musulmans, shintoïstes, leninistes, voire lennoniens du terrorisme duodécimain, le cœur d’Ali Khamenei ne balance pas. Il opte pour les deux.
Tentative de convergence n° 1 : C’est le châtiment qui qualifie le crime. Pour un même crime, un même châtiment s’impose. La déchéance de nationalité se limitant aux terroristes binationaux, sa non-application décharge de leur responsabilité spécifique les terroristes nationaux. Un effet mécanique pervers que n’entraînerait pas une peine d’indignité nationale frappant de son sceau éminemment symbolique toute personne ayant choisi de collaborer avec le totalitarisme vert-brun.
Tentative de convergence n° 2 : Le référendum est un outil démocratique protéiforme. Chaque citoyen lui confère une forme correspondant à sa propre personnalité et une fonction propre à satisfaire ce qui représente pour lui le bon dosage entre la réaction passionnelle et la réactivité rationnelle. La République ne peut laisser penser à un esprit gouverné par ses propres entrailles que, sur des sujets ayant pour objet le destin d’autrui, ce sont les bas instincts qui, désormais, feront le droit français. La déchéance de nationalité ne doit pas se transformer en permis de chasse à l’homme.
Autobémol : Sous Pétain, la France a déchu de leur nationalité des innocents. Comparer la révision constitutionnelle hollandienne à une loi vichyste surligne l’angle mort conscientiel qui — j’ai failli dire «aujourd’hui» — sert de boussole à la gauche de la gauche.
Extraction de la balle dans le pied : Après avoir franchi une zone de crime contre l’humanité, songer à éviter de confondre entre le bourreau et le martyr.
Quadrature du cercle de l’antiracisme : Ne pas faire l’erreur de transformer en victimes d’une loi raciale les racistes du 13 novembre. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, non contente d’être absolument fondamentale sous la chape de plomb des totalitarismes qui se montent les uns sur les autres, est suffisamment laborieuse comme cela pour que l’on aille, en plus, fournir à ses ennemis les armes de la justification.
Je ne suis pas un professionnel de la politique, aussi ai-je l’outrecuidance de choisir d’ignorer l’usage que l’adversaire de droite aurait inévitablement fait d’un renoncement de la gauche après que cette dernière s’était prononcée devant le Congrès en faveur de l’extension de la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux. Je serais plutôt du genre à laisser la droite tenir son rang et, pour ce faire, la tenir à distance et, à cette fin, la localiser à l’intérieur de son orbite singulière. C’est pourquoi vous ne me verrez pas me laisser désaxer la conscience par un Le Pen devenu sarkozyste à seule fin qu’un métèque de la République aille éclipser pour lui le patronyme que profane sa progéniture. C’est pourquoi (bis) je me serais inquiété de l’incohérence d’une loi qui, veillant à protéger l’enceinte de nos prisons de l’intrusion d’un Carlos Next Generation, eût orchestré l’évasion, endite terre d’islam, de ce petit soldat du Jihâd assoiffé de vengeance. Une telle fausse bonne idée n’aurait d’égale que l’absurdité d’un principe d’expulsion venant couronner un emprisonnement à perpétuité qui n’a de sens qu’à travers l’espoir que nous plaçons, nous, partisans de l’abolition de la peine de mort, dans la rédemption des criminels et, par là même, dans la mission de réinsertion des détenus. À la décharge des chargeurs d’État, j’ai peine à croire que nous exercions la moindre espèce d’emprise reconstructiviste sur un Hashashin de la veine de Merah.
Merci ! ! !
Il faut, il faut, il faut….
Pardon, il faudrait aussi…. mais qui fera tous ces IL FAUT? Comment seront-ils réalisables?
La gauche, la droite, sont-elles si différentes, est-ce cela le débat????? Avons nous le luxe de blablater encore là-dessus? Jusqu’à se couvrir de ridicule alors que le FN progresse à chaque fois???
N’avons-nous pas payer assez cher cette naïveté? La faute à qui et à quoi? On s’en fiche, là n’est plus le débat!
Ce n’est ni la gauche qui est en danger, ni la droite, c’est la DÉMOCRATIE, point barre, ne perdez pas cela de vue en vous noyant dans des déconsidérations désormais inutiles….
Il est trop tard, il fallait y penser avant….
http://havaforever.tumblr.com/post/135207204169/au-lendemain-du-second-tour-jusqu%C3%A0-quand
= La terreur pousse à se réfugier à l’intérieur de ce qui rassure ou console. Elle réveille les vanités. Elle discrédite le discernement. Il faut attendre patiemment que les choses reviennent à l’énorme. Avec un peu de chance, le souvenir de ce qui est surviendra de nouveau.
MERCI D’ACCORD 100% AVEC VOUS.